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Que se passe-t-il avec la politique en France ? (Café Avec Johan 1)

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Transcription de la vidéo :

Salut, très chers amis ! Merci de me rejoindre pour cette nouvelle vidéo. Alors, aujourd’hui, on va tester un nouveau concept que j’ai appelé « Café avec Johan ». Tu vois, j’ai mon café avec moi. Et l’idée, c’est de te proposer sur cette chaîne quelques contenus un petit peu plus longs que d’habitude ou en tout cas un peu plus spontanés que d’habitude. Et j’aimerais me focaliser sur l’actualité française. Donc, on n’aura pas plein d’animations, plein de remarques qui s’afficheront à l’écran. Ça sera quelque chose de plus spontané. Il y aura pas de découpage. Tu vas me voir peut-être regarder un peu mes notes. Parce que mon idée, ici, c’est de t’aider à pratiquer, à écouter du Français Authentique en prenant du plaisir, je l’espère, puisque je vais relayer des informations liées à l’actualité.

Donc, tu peux consommer ça sans stress comme tu écouterais un podcast. Tu peux me regarder, bien sûr, mais tu peux aussi m’écouter, pas forcément en une fois. Tu peux très bien écouter cet épisode découpé en plusieurs parties. Tu écoutes 10 minutes aujourd’hui, 15 demain, la fin, après-demain. Ça marche très bien aussi.

Et c’est un test. Donc, je l’ai appelé « Café avec Joan » parce que j’ai mon café, 1, épisode 1. On va tester d’autres épisodes, mais ça dépendra vraiment de toi si tu aimes ça. Donc, donne-moi en commentaire, s’il te plaît, ton avis. Est-ce que tu aimes ce format ? Qu’est-ce que tu aimes ? Qu’est-ce que tu n’aimes pas ? Et tu peux aussi nous suggérer un certain nombre de sujets.

Je vais essayer de mettre en description une fiche de synthèse de ce que j’aurais pu te dire pour te permettre tout simplement de revoir les points majeurs, parce que là, tu vas m’écouter, mais peut-être que tu as envie d’aller plus loin. Donc, le premier lien dans la description, ce sera une fiche de synthèse sur notre sujet du jour.

Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui se passe avec la politique en France ? C’est quelque chose d’assez fou, le sujet est brûlant, et je suis sûr que tu en as entendu parler dans les journaux. La France, elle traverse une période politique qui est vraiment très très critique, qui est très exceptionnelle, on a rarement vu ça, en tout cas dans la période plutôt récente, on va dire les 60-70 dernières années, et je sais que les journaux du monde en parlent, donc, tu as probablement entendu parler de ce sujet, et peut-être que tu te dis « mais qu’est-ce qui se passe en fait ? »

Déjà, pour te donner l’état de la situation, en 2024, il y a eu quatre chefs de gouvernement en France, quatre, c’est une première sous la Cinquième République, donc, depuis 1958, c’est-à-dire qu’en 66 ans, c’est la première fois qu’on a quatre chefs de gouvernement qui se succèdent en un an. La Cinquième République, j’en parle dans l’Académie Français Authentique, j’ai fait un module qui explique la Cinquième République, comment elle est apparue, comment elle fonctionne, etc. Mais ce que je peux te dire ici, c’est que c’est un régime qui a été bâti pour être stable. Et quand on a quatre chefs de gouvernement en un an, on ne peut pas dire que la situation est stable.

En moyenne, sur la Cinquième République, il y avait environ quatre chefs de gouvernement par mandat, et les mandats ont duré soit 7 ans, soit 5 ans. On a eu le quinquennat en 2002, donc, ça fait maintenant 23 ans qu’on a le quinquennat. Mais donc, avant, par mandat, en 5 ans ou 7 ans, un président de la République utilisait quatre chefs de gouvernement. Aujourd’hui, il en a utilisé quatre en un an.

Donc, ça, c’est pas arrivé comme ça d’un coup de baguette magique par hasard. C’est le fruit d’une lente dégradation de la confiance de la population envers ses élites. Et dans cette vidéo, j’aimerais bien discuter, te présenter déjà les grandes étapes qui ont amené à la situation dans laquelle on est, parce que c’est pas venu comme ça de rien. Cette crise politique majeure, elle prend sa source depuis au moins… ça fait au moins 10, 15, 20 ans que cette crise en fait a pris sa source, a commencé à germer, tout simplement. On va ensuite parler des risques. Quels sont les risques de cette situation pour la France ? Et des perspectives.

Alors, un petit avertissement avant de passer à des faits concrets. Moi, je vais relater des faits, des choses qui se sont réellement passées. C’est documenté, j’ai fait des recherches, j’ai des chiffres en face de moi. Mais bien sûr, la façon dont je les interprète et je les présente sont personnelles. Donc, dans cette vidéo, bien sûr, c’est en grande partie le fruit de ma réflexion et de mon opinion. Certaines personnes le verront différemment, auront un autre diagnostic et d’autres perspectives. Mais je suis bien obligé de partager ce que moi je comprends et je connais.

Alors, je te disais que cette crise actuelle prenait sa source bien avant la situation d’aujourd’hui, et ça commence bien avant 2017. 2017, c’est l’année de l’élection d’Emmanuel Macron. Mais ce qu’il faut déjà comprendre, c’est qu’à la base, en France, dans la Cinquième République, on a un président de la République qui a beaucoup de pouvoir. C’est pour ça que l’élection majeure, la seule élection qui compte vraiment en France, c’est l’élection présidentielle, parce que le président de la République est chef de l’exécutif, il nomme un premier ministre qui va nommer des ministres, et ce gouvernement a beaucoup de pouvoir. Il a beaucoup plus de pouvoir, normalement, on va comprendre que ça peut être différent comme ça l’est aujourd’hui, mais c’est pensé pour que l’exécutif ait plus de pouvoir que le Parlement.

Le Parlement en France, il a deux chambres : l’Assemblée nationale avec les députés, qui sont élus au suffrage universel direct lors des élections législatives qui ont lieu juste après l’élection présidentielle, et le Sénat, qui est un peu moins puissant, qui a plus un rôle de contrôle, qui est composé de sénateurs, avec une élection au suffrage indirect. Donc, ce n’est pas nous, directement, les citoyens, qui élisons les sénateurs, ils sont élus par les maires, les conseillers régionaux, etc.

Mais en fait, dans la Cinquième République, et le quinquennat en 2002 est venu pour ça, puisqu’auparavant on avait l’élection présidentielle pour 7 ans et les députés élus pour 5 ans. Donc, il y avait en fait un décalage entre les élections législatives et les élections présidentielles. Donc, les présidents, et c’est arrivé sous Mitterrand, pouvaient gagner l’élection présidentielle, perdre l’élection législative et, donc, perdre leur majorité à l’Assemblée nationale, ce qui, pendant 2 ans en fait, avait tendance à compliquer les choses. C’est pour ça qu’en 2002, Jacques Chirac a mis en place le quinquennat, où on avait président de la République élu pour 5 ans, les députés élus pour 5 ans, et on mettait l’élection législative juste après la présidentielle, parce que les gens se disaient « bon, on a un président de tel parti, on va élire une Assemblée nationale du même parti ». Voilà en gros ce qui se cachait derrière.

Et pendant longtemps, on avait de grosses alternances politiques sous ce modèle avec un président de la République et un gouvernement qui faisait partie du même… ou qui avait la même tendance politique que l’Assemblée nationale, que les députés, et on avait une alternance entre la droite et la gauche. La droite en France, ce sont les conservateurs, et la gauche, les socialistes en gros. Et donc, on a eu des alternances. 1959-1981 la droite, 1981-1995 la gauche, 1995-2012 la droite, 2012-2017 la gauche. On avait cette alternance droite-gauche, gauche-droite.

Et en 2017, Emmanuel Macron, qui était un peu sorti de nulle part, que personne connaissait, quasiment quelques années avant, il a été élu face à Marine Le Pen. En général, lorsque Marine Le Pen, qui est une candidate du Rassemblement National, quand elle arrive en finale au deuxième tour, il y a ce qu’on appelle « un front républicain » et tout le monde appelle en fait à voter contre elle. Donc, on ne vote pas pour un candidat mais contre un candidat. Et en France, on a un système pour ce qui est de l’élection présidentielle qui est vraiment direct, c’est-à-dire on fait un premier tour entre un certain nombre de candidats, une dizaine de candidats environ. Ceux qui ont le plus de voix, les deux en fait candidats qui rassemblent le plus de voix au premier tour sont qualifiés au deuxième tour, et là, tout le monde vote en choisissant l’un ou l’autre. Ce qui laisse peu de chance à un candidat du Rassemblement National par exemple d’arriver en tête ou en tout cas c’était le cas jusqu’à présent.

Et Emmanuel Macron, quand il arrive en 2017, il propose une rupture par rapport aux partis traditionnels. Lui, il est pas de droite, il est pas de gauche, il est, comme il dit, entre les deux, au centre. Et il a créé son parti, à l’époque c’était En Marche. En qui commence par un E comme Emmanuel, et Marche qui commence par un M comme Macron. Donc, son parti, c’était ses initiales. Donc, c’était plus un parti où les gens adhéraient et on faisait sortir une personnalité, c’était une personnalité qui créait un parti finalement.

Et il a apporté beaucoup d’espoir, parce qu’il disait : « nous, on n’est ni de droite ni de gauche, on est au centre. Nous, c’est le nouveau monde, nous sommes jeunes ». Emmanuel Macron avait 40 ans quand il a été élu, Hollande avait 58 ans, Sarkozy 52 ans, et leurs deux prédécesseurs avaient plus de 60 ans. Donc, lui, il était jeune, il avait une équipe jeune, il disait « nous sommes le nouveau monde, nous sommes la Start-Up Nation ». Donc, il utilisait des anglicismes. C’est d’ailleurs un des seuls présidents de la République qui maîtrise bien l’anglais. Il avait une volonté de changement.

Juste après son élection, il a eu la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Donc, ça, c’est un point important, parce que beaucoup disaient « Emmanuel Macron n’est pas connu, il a pas de vrai parti, donc, il n’aura pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, et ça posera problème ». Ça n’est pas arrivé, il a eu la majorité absolue. En gros, la majorité absolue, ça veut dire que les députés qui ont la grande majorité sont de son camp.

La majorité absolue, ça veut dire plus de la moitié. S’il y a 500 postes de députés, c’est pas ça, c’est un exemple fictif, si tu as la majorité absolue, ça veut dire que tu as au moins 251 députés, donc, que tes députés aient la majorité et peuvent tout voter en fait. Une majorité… avoir la majorité qui n’est pas absolue, ce serait avoir, je sais pas, t’as 200 députés, quelqu’un en a 150, un autre en a 100. Là, tu as la majorité, mais tu n’as pas la majorité absolue. Ça veut dire tu peux pas décider toi-même, tout seul, de voter une loi.

Mais lui, il avait la majorité absolue, donc, c’était assez facile. Ils ont fait passer un certain nombre de réformes. Certaines réformes du premier quinquennat Macron étaient plutôt impopulaires, notamment, il a réduit la taxation des très très aisés en France. Et du coup, il a été perçu par les classes populaires comme favorisant les élites en fait. On peut allier ça à des problèmes de langage. C’est quelqu’un de très franc. Une fois, il a dit dans la rue à quelqu’un : « Mais si tu veux du travail ou si vous voulez du travail, il suffit de traverser la route et je vais vous en trouver ». Sous-entendu, ceux qui ne travaillent pas sont paresseux. Ce qu’un président de la République ne devrait pas dire en fait. Il a parlé en décrivant certaines personnes de personnes qui ne sont rien. Donc, c’est des mots très lourds dans la bouche d’un président de la République, qui ont créé la défiance. Et même bien plus tard, il a dit qu’il voulait emmerder les non-vaccinés. Donc, ceux qui ne se vaccinaient pas contre le Covid, il voulait les emmerder.

Je ne juge pas ici le fond, est-ce que je suis d’accord avec ce qu’il dit ou pas, mais la forme. Un président de la République devrait avoir plus de hauteur et ne devrait pas s’exprimer comme ça, à mon sens.

En tout cas, cette personnalité et les choix politiques qu’il a faits ont créé de la tension. Et tu as probablement entendu parler, en 2018, du mouvement des gilets jaunes. C’est des gens qui se révoltaient. À l’époque, c’était une taxe qu’on voulait mettre sur le carburant, qui est déjà le produit le plus taxé, dans le carburant. La majorité de ce qu’on paie en France, ce sont des taxes. Donc, il y a eu ce mouvement en 2018. Les gens mettaient, tu sais, le gilet jaune qu’on a dans sa voiture, qu’on doit mettre quand on est en panne de voiture, eh bien ils mettaient ça, ils manifestaient. Et Macron a pris un peu peur parce que les gilets jaunes se sont rassemblés face à l’Élysée, ils ont essayé de pénétrer dans le ministère de l’Intérieur. Donc, c’était vraiment une situation très critique.

En 2020… Donc, Macron a réussi à étouffer le mouvement des gilets jaunes en disant « nous allons faire des grands débats, etc. », mais ça n’a jamais rien donné. Finalement, il a réussi à gagner du temps et ce mouvement s’est essoufflé. En 2020 est arrivé le COVID ; en 2022, la guerre en Ukraine, l’inflation. Et tous ces éléments, et notamment le COVID, ont mis fin au débat en fait. Il y avait plus de débat politique. On savait que les gens ou une grande majorité étaient contre la politique menée, mais il y avait plus de débat. Emmanuel Macron a dit qu’il était candidat très très très tard, il attendait tranquillement dans le palais de l’Elysée avant de dire qu’il serait candidat pour l’élection de 2022. Donc, tous les autres faisaient campagne, mais lui était tranquille, et il utilisait aussi son temps de parole en tant que président pour vanter son mandat.

Ce qu’on lui reproche beaucoup aussi, c’est d’avoir offert beaucoup de chèques quand il y a eu de l’inflation suite à l’invasion russe en Ukraine, et que le prix du gaz a fortement augmenté, eh bien, ils ont fait des chèques. « Nous, on va faire des chèques énergie ». Donc, ils ont donné de l’argent à beaucoup de monde. Certains disent, les esprits mal intentionnés disent que c’était pour acheter leur voix, mais le résultat aujourd’hui, c’est que la France est endettée comme jamais, on va en parler après. Toujours est-il qu’en 2022 il est de nouveau élu, de nouveau face à Marine Le Pen, mais cette fois, il avait une marge plus réduite qu’en 2017. Je t’invite à vérifier les résultats, mais il a eu beaucoup moins d’avance.

Aux élections législatives qui suivent, et là, il faut que tu te souviennes bien de ce que j’ai dit juste avant… Ce qui est important, c’est d’avoir la majorité, oui, mais la majorité absolue pour le gouvernement, parce qu’avec la majorité absolue à l’Assemblée nationale, il fait ce qu’il veut. Eh bien, aux élections 2022, il a eu la majorité mais pas absolue, c’est-à-dire que son parti était en tête, mais il n’avait pas plus de 50 % des voix. Donc, ça a compliqué énormément la gouvernance du pays, parce qu’il était obligé de s’allier aux autres.

Je reprends mon exemple de tout à l’heure. On imagine qu’il y a 500 députés. En réalité, c’est un peu plus, mais tu as 500 députés. Si toi, tu es 150, pour voter des lois, tu as besoin de la moitié, donc, de 250 voix. Si tu es 150, tu vas devoir aller négocier. Même si tu es 200, tu vas devoir négocier avec les autres partis pour voter les lois. Et c’est ce qu’il devait faire. Donc, ça les a fortement freinés à partir de 2022. Mais c’était encore possible de gouverner, notamment grâce à une chose qui existe dans la Cinquième République, dans la constitution de la Cinquième République, et qui donne beaucoup de poids à l’exécutif, c’est l’article 49.3. Tu as déjà entendu parler probablement dans la presse, si tu lis la presse française, du 49.3. Le 49.3, c’est quand le gouvernement dit : « cette loi, on veut l’adopter sans vote à l’Assemblée nationale ». Donc, il a le droit de faire ça.

Mais ce qu’on donne comme pouvoir à l’Assemblée nationale en contrepartie, c’est de pouvoir déposer ce qu’on appelle « une motion de censure ». Une motion de censure, c’est… Donc, il faut un certain nombre de députés pour la déposer. Et si elle est déposée, il y a un vote des députés. Et si plus de la moitié des députés la votent, le gouvernement tombe, c’est-à-dire on dissout le gouvernement. C’est ce qu’on appelle “une motion de censure”.

Donc, depuis 2022, il y a eu beaucoup de 49.3 pour des réformes, notamment la réforme des retraites, qui était très controversée. Le gouvernement nommé par Emmanuel Macron disait « nous, on met le 49.3, comme ça il y a pas de vote ». Et comme ils avaient quand même une majorité, même si elle était pas absolue, à l’Assemblée nationale, ils arrivaient à se sauver. Les motions de censure n’étaient pas notées. Donc, il y avait pas de blocage, parce que son parti était majoritaire, il avait une majorité relative et il arrivait à créer des alliances.

En 2024, c’est là où tout a changé, c’est là où la situation a dégénéré, Emmanuel Macron était de plus en plus contesté dans les sondages, sa popularité est au plus bas, et il a rencontré un échec lors des élections européennes, où son parti ou le parti qu’il représente est arrivé assez bas.

Et du coup… Alors, on ne sait pas exactement pourquoi il a fait ça, il y a probablement des raisons stratégiques derrière. Ce qu’il faut préciser, c’est que lui ne peut pas se représenter aux prochaines élections de 2027. Il ne pourra pas se représenter, parce qu’en France, si tu as fait deux mandats, tu ne peux pas en faire un troisième. Il pourra plus tard, mais il ne peut pas faire trois mandats consécutifs. Donc, on sait pas trop quelle est sa raison stratégique sur le long terme, mais il a décidé, c’est un des pouvoirs du président de la République, de dissoudre l’Assemblée nationale. Ça veut dire, on va organiser très bientôt des élections, on va élire de nouveaux députés pour que le peuple choisisse. Il a donc dissout l’Assemblée nationale et il y a eu en juillet 2024, en juin et juillet 2024, de nouvelles élections. Et ces élections ont conduit à une Assemblée nationale sans majorité.

Donc, cette fois, c’est vraiment, on se retrouve avec trois gros blocs presque égaux, donc, tu as vraiment trois gros blocs qui ont à peu près le même poids, mais ces trois blocs sont super différents. Tu as ce qu’ils ont appelé le Nouveau Front Populaire, le NFP, qui regroupe tous les partis de gauche. Il y a le Rassemblement National, anciennement Front National, donc, plutôt un parti de droite très conservatrice, ce qu’on appelle « la droite dure », même si ça ne veut pas dire grand-chose, et le parti de Macron, qui s’est maintenant rebaptisé Ensemble, au centre. Donc, tu as ces trois gros blocs très différents, ils ne sont d’accord sur rien, mais ils représentent ceux qui doivent voter les lois.

Donc, face à ça, Macron a été bien embêté, et il a nommé comme premier ministre, en juillet 2024, Michel Barnier, qui est un membre du parti Les Républicains, donc, la droite traditionnelle, qui n’est même pas dans les trois blocs. Donc, déjà, il y a un premier problème, enfin un deuxième problème, parce que le premier problème qu’il y a eu lors de ces élections législatives, je ne peux pas rentrer dans le détail, mais c’est qu’il y a eu des alliances. Au premier tour, le Rassemblement National était largement en tête, et il y a eu des alliances, des accords entre le parti de Macron et le parti ou les partis de gauche en fait pour se partager des sièges au détriment du Rassemblement National. Donc, ils ont fait ça pour que le Rassemblement National n’ait pas la majorité absolue, et beaucoup pensent que le Rassemblement National aurait pu l’avoir. Mais il y a eu ces arrangements, c’est déjà un premier problème démocratique à mon sens. Encore une fois, je suis pas là pour juger les partis, mais juste la façon de faire. Et le deuxième problème, c’est qu’on a nommé un premier ministre qui n’était même pas dans les trois blocs majoritaires. Ce qui me semble être un déni de démocratie.

Donc, ce gouvernement a essayé de faire de son mieux pour gouverner, pour voter un budget, parce que, en fin d’année, on a besoin de voter le budget. On avait besoin de voter le budget 2025, mais la France a un gros problème de dette, on va revenir dessus juste après, et personne ne voulait voter ce budget ou en tout cas beaucoup étaient contre. Et, pour essayer de passer en force, le gouvernement Barnier a dit « on va mettre un 49.3 ». Ce que je t’ai expliqué tout à l’heure, c’est-à-dire, on veut passer la loi sans vote à l’Assemblée nationale. Et là, il y a eu pour la première fois de la Cinquième République une censure, c’est-à-dire que les députés ont dit « OK. Il veut faire un 49.3, eh bien nous on vote la censure, donc, ce gouvernement doit tomber ». Et il y a eu plus de 50 % des gens qui ont voté pour la censure. Donc, après cinq mois d’existence seulement, en décembre 2024, Michel Barnier et son gouvernement ont dû partir.

Emmanuel Macron, au mois de décembre, a nommé François Bayrou, 73 ans, centriste, alliée d’Emmanuel Macron depuis longtemps. Ils ont formé un gouvernement qui est pas très cohérent. Donc, il y a des gens qui ne sont pas d’accord. On a toujours ces trois blocs à l’Assemblée qui sont très divisés, qui sont d’accord sur rien. Ils sont pas d’accord sur les retraites, ils sont pas d’accord sur comment régler le problème de la dette. Certains veulent réduire les dépenses ; d’autres veulent augmenter les impôts ; d’autres veulent juste ignorer la dette. Donc, c’est très compliqué. Chacun parle de lignes rouges. Donc, chaque parti dit « voici mes lignes rouges ». Les lignes rouges, ce sont les choses sur lesquelles les partis ne sont pas prêts à négocier. Mais ils en ont plein et ça va contre. T’as la gauche qui dit « notre ligne rouge, c’est tu ne dois pas… En tout cas, tu dois faire en sorte que les gens partent en retraite plus tôt ». Et la droite dit « non, notre ligne rouge, c’est qu’ils doivent partir plus tard ».

Donc, tout s’oppose. La censure pèse en permanence, c’est-à-dire que chaque décision du gouvernement peut conduire à une censure de nouveau. Donc, il y a aucune marge de manœuvre. On ne peut pas… Certains pourraient dire « il suffit de refaire des élections, de dissoudre l’Assemblée nationale de nouveau, de redemander au peuple et de revoter ». Ça, c’est impossible. La Constitution interdit de le faire avant un délai d’un an. Donc, la prochaine dissolution peut avoir lieu en juillet 2025. Donc, jusque-là, on gardera l’Assemblée nationale fragmentée qu’on a. Ceci dit, c’est pas parce qu’on revoterait qu’on aurait des résultats différents. Le pays est fragmenté, donc, l’Assemblée nationale l’est aussi.

Une solution aurait pu être qu’Emmanuel Macron démissionne. Avec un autre président de la République qui a plus de légitimité, on pourrait avoir une élection législative qui donne un résultat plus clair. Mais il a dit qu’il ne voulait pas le faire, donc, c’est le chaos, littéralement, d’un point de vue politique en France, alors que les problèmes à gérer sont majeurs.

Je t’avais promis de te citer quelques risques. On a un problème pour gérer la dette. C’est pas nouveau. La dette française augmente depuis 30 ans. Mais fin 2024, on était à 3.300 milliards d’euros. C’est 112 % du PIB, donc, 112 % de la richesse produite par le pays tous les ans. Donc, on a plus de dette que ce qu’on produit en un an. Et la moyenne dans l’Union européenne, c’est 82 %. Nous, on est à 112. Bien sûr, la France n’est pas le plus mauvais élève de l’Europe, mais quand même, on sent que pour un pays qui est censé être un moteur économique de l’Europe, ça peut pas fonctionner en fait.

Il y a une grosse perte de confiance de la population envers ses politiques. Ce que je t’ai cité avant, tout doucement, en disant qu’il y a eu des arrangements pour que le Rassemblement National ne gagne pas les élections législatives. On a le peuple qui se prononce pour une Assemblée nationale avec trois gros partis. On met un premier ministre d’un autre parti. Et vraiment, ce qui a, à mon avis, ruiné la confiance envers les politiques, c’est ce qui s’est passé en 2005, puisqu’en 2005, il y a eu un référendum pour la Constitution européenne. Les Français ont dit non. Et trois ans plus tard, eh bien on a imposé cette Constitution sans demander au peuple. Donc, on pose une question. C’est comme si je disais à mes enfants « les enfants, que voulez-vous manger ? » Ils me disent pizza, et je leur réponds « OK, vous aurez des haricots verts ». On peut pas poser une question au peuple et ne pas écouter la réponse. C’est pas possible. Donc, il y a une perte de confiance énorme.

Il y a une perte de souveraineté. Alors, c’est un sujet dont on pourrait parler dans Café avec Johan, si vous avez envie. Mais la France et tous les pays européens ont perdu leur souveraineté, clairement. Je suis plutôt européiste de nature hein. J’ai vécu en Autriche, j’ai travaillé en Allemagne, j’ai traversé la frontière entre la France et l’Allemagne tous les jours pendant des années, donc, je suis pro-européen. Mais la façon dont l’Europe est organisée, avec beaucoup de technocrates, une grosse bureaucratie, personnellement, ça ne me convient pas et ça ne convient pas à plein plein de monde. J’ai parlé de ça en détail dans un module de l’académie sur l’Union européenne. Mais ça, c’est un vrai enjeu et un vrai sujet, la perte de souveraineté des pays européens, et notamment de la France.

On a le problème, par exemple, lié au Mercosur. Au moment où le gouvernement Barnier est tombé, Ursula von der Leyen, qui dirige la Commission européenne, est allée en Amérique du Sud pour dire « nous allons ratifier le traité du Mercosur », qui est très controversé en France, parce que la France est un pays agricole. On a une agriculture forte. Alors, ça a décliné, mais en tout cas on a une agriculture forte. Et ce traité n’est pas bon pour les agriculteurs français. Et pourtant, l’Europe veut l’imposer.

Donc, tu vois, il y a des enjeux. Je peux pas parler de tous les sujets en détail ici, mais c’est un vrai risque. Et si on n’a pas un gouvernement fort avec une voix qui porte, eh bien ces sujets, on pourra pas les gérer.

On a le sujet du protectionnisme qui revient avec l’élection de Donald Trump, qui va… au moment où je vais publier cette vidéo, il aura repris ses fonctions. Mais voilà, ça c’est un sujet aussi. Est-ce qu’on peut se préparer au protectionnisme ? Est-ce qu’on peut répondre ?

Et enfin, on a aussi le retour des empires, la fin de la mondialisation heureuse, où tout était axé vers le commerce. On a des États puissances qui veulent récupérer des zones qui étaient leurs zones d’influence par le passé. Je ne vais citer personne, mais il y en a un certain nombre. Et tout ça, en fait, c’est des risques qui pèsent sur la France.

Donc, au niveau des perspectives, qu’est-ce qui va se passer avec la politique française ? C’est impossible à prévoir. On peut très bien avoir une réforme des institutions, une sorte de sixième république, parce qu’on peut dire « on n’arrive plus à résoudre les problèmes modernes, donc, on crée une sixième république ». La Troisième République avait duré de 1870 à 1940, je crois, donc, ça fait 70 ans. La Cinquième République était un peu plus jeune, mais on pourrait la changer. Certains le veulent. Ils veulent une sixième république avec une partie de proportionnelle aux législatives. Ça, c’est un peu technique, donc, je l’expliquerai peut-être une autre fois. On parle de démocratie participative, comme ça existe en Suisse ou en Autriche, où les gens peuvent saisir l’Assemblée nationale et demander le vote d’une loi, mais à l’initiative des citoyens et pas à l’initiative des politiques.

Donc, voilà, il peut y avoir une réforme des institutions, il peut y avoir une grave crise de la dette, comme en Grèce, où là tu as des institutions comme le FMI par exemple qui prend un peu le contrôle de la France ou qui lui imposent des règles, des lois, des économies. Donc, ça, c’est possible. On peut aussi avoir une situation bloquée jusqu’en 2027. C’est moi ce que je pense et ce que je crains, puisqu’en 2027, c’est les prochaines élections présidentielles, donc, où on mettrait un gouvernement ce qu’on appelle de technicien, qui gère les affaires courantes ou qui fait en sorte que le pays avance, mais sans régler les grands problèmes, les grands sujets de fond. Donc, ça, c’est possible. Ou alors, certains pensent que tout ira bien et que ça va fonctionner. Donc, en ce qui me concerne, je trouve qu’il y a peu de raisons d’être optimiste, mais comme d’habitude, il faut rester positif.

Donc, voilà pour ce que je voulais te dire aujourd’hui dans cette vidéo Café avec Johan. J’espère que ça t’a plu. J’aimerais que tu me dises en commentaire ce que toi tu penses de cette situation vue de l’extérieur. Partage tes réflexions. C’est un bon moyen de pratiquer ton français à l’écrit et de me dire ce que tu en penses. Télécharge aussi ta fiche de synthèse. Le lien est dans la description. Et dis-moi si tu apprécies ce format de vidéo Café avec Johan, où j’ai quelques notes et où je te parle d’une façon spontanée, sans me dire « il faut que cette vidéo soit courte », qu’on affiche des choses. C’est plus spontané, du type podcast. Dis-moi si tu aimerais que je continue ou si ça ne t’intéresse pas du tout. Je me suis toujours adapté à l’audience Français Authentique et je le ferai. Laisse un petit « j’aime » si tu as aimé, partage avec tes amis, abonne-toi à la chaîne en activant les notifications et merci d’être resté jusqu’au bout de cette vidéo.

Merci du fond du cœur, et je te dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Café avec Johan. Salut !