03 Fév Pourquoi nos dirigeants se trompent autant ?
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Transcription de l’épisode :
Salut, cher ami ! Merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode. Alors, on va quand même l’appeler “Marchez avec Johan”, mais aujourd’hui, je suis en voiture. Je ne suis pas en train de marcher, donc on pourrait appeler cet épisode “Roulez avec Johan” pour garder peut-être la même logique. Ça me rappelle un petit peu l’époque pendant laquelle je rentrais du travail quand je travaillais en Allemagne et que j’enregistrais des podcasts. C’était une très belle époque. Je garde un bon souvenir de ça. C’était vraiment les débuts de Français Authentique et c’était des moments vraiment sympas. On m’en parle encore régulièrement. Bon, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je ne vais plus travailler en Allemagne. Je suis à 100 % dédié à Français Authentique, mais c’est marrant d’enregistrer ces épisodes dans la voiture.
Avant de commencer, aujourd’hui on va parler d’un sujet un peu global qui est la stratégie de nos dirigeants, la façon de penser de nos dirigeants. Et je voudrais, avant de parler de ce sujet, te rappeler qu’il y a une lettre d’information de Français Authentique que tu peux rejoindre gratuitement. On t’a mis un petit lien dans la description de cet épisode et si tu le fais, eh bien, tu recevras deux fois par semaine des contenus exclusifs aussi bien axés développement personnel, apprentissage du français ou même français en général. Chansons françaises, culture, films, livres, etc. etc.
Alors aujourd’hui, je voulais parler d’un problème de vision de nos dirigeants. La vision, c’est la façon de voir loin, la façon de voir long terme, d’anticiper des problèmes, de voir long terme. C’est ce qu’on appelle la vision. Et bien sûr, là, je m’adresse indirectement à nos responsables politiques et on va voir, en tout cas c’est une chose que je pense personnellement et que certaines personnes pensent également. Je pense que nos politiques ont un problème de vision long terme et que ce problème de vision, il est lié à un défaut, à une faille de notre cerveau, du cerveau humain en fait, en tout cas de la façon qu’on a d’utiliser notre cerveau. On a tendance, là je dis « on » parce que c’est une tendance vraiment globale, générale, pas seulement applicable à nos dirigeants, on a tendance à se baser sur le passé récent pour prédire l’avenir. On a en général, on va dire : « Tiens, il m’est arrivé ou l’année dernière j’ai fait telle action, j’ai obtenu tels résultats, donc, on généralise. A partir du moment où, dans mon passé récent, ça s’est produit comme ça, eh bien, ça se produira toujours comme ça. »
Donc, on se base sur le passé récent, sur une expérience récente pour prédire l’avenir à notre niveau personnel, mais aussi bien au niveau politique, au niveau global. Et on se trompe à chaque fois. C’est ça qui est dingue. C’est qu’à chaque fois qu’on essaie de prédire ou de prévoir l’avenir en se basant sur l’expérience, sur le passé récent, on se trompe. Un des exemples de ça, c’est à la suite des attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001. On a eu cet événement et comme ça fait partie du passé récent pour le coup, juste après que se soit produit cet attentat, on a mis le paquet, on a eu une réaction extrême de tous les hommes politiques du monde, pas seulement aux Etats-Unis sur la sécurité, c’est-à-dire qu’on a dit : « A partir de maintenant, on se focalise sur la sécurité. » La majorité de notre argent va vers la sécurité. Donc, on a utilisé un événement ponctuel, du passé récent pour déterminer une politique long terme.
Un autre exemple, ce serait en 2007, quand il a eu la crise des sub-primes aux Etats-Unis aux alentours de 2007 – le temps que ça se propage à l’économie, etc. et au monde, ça a mis quelques années – mais on va parler de la crise de 2007 où on a, là, dit : « Ouh là là ! Ça ne va pas. Les banques n’ont pas fait ce qu’il fallait. Nous allons maintenant mettre des nouvelles règles bancaires. » Donc on a réagi encore une fois pour mettre la priorité sur des choses déterminées par le passé récent, l’histoire récente. Et le problème de ces stratégies, c’est qu’elles se font tout le temps au détriment, c’est-à-dire contre quelque chose d’autre. Quand on met le paquet niveau argent vers la sécurité ou vers la régulation du système bancaire, eh bien cet argent, cette attention, ces priorités ne sont pas mises sur l’environnement, l’éducation, etc. etc. Donc, ces stratégies, elles sont toujours, elles coûtent toujours finalement à d’autres domaines.
En France pendant très longtemps et on va dire partout dans le monde, mais en France, je le vois parce que parce que j’y vis et parce que c’est un système que je connais bien, on a pendant au moins 10-20 ans, beaucoup économisé d’argent sur le système de santé. On a fermé des hôpitaux, on a essayé de faire des économies parce que notre système de santé coûtait trop cher, etc. etc. On a vu que dans notre histoire récente, il n’y avait pas eu de grandes pandémies. Et là, c’est aussi vrai pour la France que pour les autres pays du monde. On se disait, ou beaucoup se disaient : « Ben, écoute, des grandes pandémies, des épidémies mondiales, il n’y en a pas eu depuis très, très, très, très, très longtemps, donc c’est peu probable que ça arrive. » On se basait sur l’expérience récente. On ne pensait pas à l’expérience ou au passé un peu plus lointain, on ne pensait pas aux grandes pandémies de grippe espagnole ou autres pandémies qui avaient touché le monde occidental à grande échelle. Donc, on avait un petit peu oublié tout ça et on se disait : « Ben, finalement, ce n’est pas un gros risque puisque ce n’est pas arrivé dans notre histoire récente, ce n’est pas un gros risque. »
Donc, qu’est-ce qu’on a fait ? On a délaissé complètement nos systèmes de santé ou en tout cas, peut-être pas délaissé complètement, mais en tout cas, on ne leur a plus donné la priorité qu’ils méritaient et on les a fragilisés complètement.
Et quand l’épidémie de coronavirus est arrivée, là on a dit : « Ouh là là ! Il y a un problème dans notre histoire récente, ou en tout cas maintenant, c’est tellement récent que c’est le présent. On a un gros problème. » Eh bien là, l’argent ne compte plus. Tout le monde regarde ici, on dépense sans compter finalement, et la crise du Covid19 a coûté à la France et je pense au monde entier, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher que les économies réalisées ces 10 dernières années. Et le vrai problème du coronavirus en France, et je pense dans beaucoup d’autres pays occidentaux, c’est pas seulement le virus, c’est pas le virus en lui-même. Le virus en lui-même, il touche des personnes soit très âgées, soit des personnes fragiles qui ont déjà d’autres maladies. Et bien sûr, c’est grave et je ne dis pas qu’il ne faut pas soigner ces personnes-là. Il faut absolument les soigner et prendre soin d’elles. Mais le plus gros problème, la raison pour laquelle on ferme notre économie, la raison pour laquelle on est sans arrêt en train de confiner/déconfiner, mettre des couvre-feux, c’est que notre système hospitalier est trop fragile. Si le système hospitalier avait suffisamment de capacités pour accueillir toutes les personnes malades, on ne fermerait pas l’économie. On dirait : « Eh bien, on va accueillir les gens et soigner les gens qui tombent malades », mais on ne fermerait pas l’économie.
Donc, c’est pour ça que je dis que le problème du Covid19 est avant tout un problème de résistance du système hospitalier. Même si évidemment, je résume et je caricature, je simplifie énormément, ça en fait partie. Et ce problème est lié clairement à un manque de clairvoyance et à une mauvaise stratégie de nos dirigeants qui ont pendant des années et des années, économiser là-dessus.
Donc du coup, ce qu’on ignorait, une chose qui n’était pas du tout une priorité devient la priorité absolue. Et encore une fois, puisqu’on n’apprend jamais de nos erreurs, j’entends déjà beaucoup d’experts et beaucoup de personnes dire : « Eh bien attention parce qu’à l’avenir, il y aura plein d’autres pandémies. » Donc, on doit se préparer à résister aux pandémies et aux épidémies dans les années à venir.
Le risque d’une pandémie n’est pas plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 5 ans ou 10 ans. Là, on est en train de faire face au coronavirus, mais il n’y a pas plus de risque qu’une nouvelle pandémie inconnue apparaissent aujourd’hui, qu’il n’y avait de risque il y a 5 ou 10 ans. Et pourtant, on s’y prépare déjà. On s’y prépare. Ça va devenir la grosse priorité et je pense vraiment que lorsque la prochaine pandémie arrivera, on sera tous prêt. On aura dans tous les pays les vaccins, les masques, le gel hydro-alcoolique, vraiment tout ce qui est… tous les outils qui sont indispensables au fait de résister, de combattre une pandémie. On sera prêt. Sauf que, qu’est-ce qu’on aura fait à ce moment-là ? On se sera finalement basé sur notre histoire récente, c’est-à-dire qu’on aura mis la priorité sur une chose qu’on connait, qui est arrivée de façon récente.
Et en mettant la priorité sur la santé pour faire face à ce qui nous est arrivé récemment, on va négliger d’autres choses. On va négliger l’environnement, on va négliger le système bancaire, les problèmes de dette… (Tous les États du monde sont…. C’est énorme. C’est un problème terrible). Donc on va négliger ce problème des dettes des Etats. On va négliger les problèmes liés à l’environnement. On va peut-être même négliger certaines tensions qui apparaissent au niveau géopolitique, des disputes, des conflits entre les pays qui peuvent conduire à une guerre. Donc on va, sous prétexte qu’on a eu une grande crise, focaliser notre énergie et nos ressources dessus en ignorant le reste. Et la prochaine pandémie… pas la prochaine pandémie, pardon, la prochaine catastrophe qui va nous toucher, ce ne sera certainement pas une pandémie et on ne sera pas prêt.
Donc voilà, ça c’est mon avis personnel. Je trouve qu’on n’en parle pas assez. Alors forcément, là on est assez occupé avec l’épidémie, avec la pandémie, mais je pense que ce genre de choses devrait être un peu plus discuté. C’est bien de se battre et de résoudre un problème qui est là, mais on sait par exemple que les problèmes environnementaux peuvent être encore plus terribles. Je veux dire la fonte des glaces et le fait qu’énormément de pays se retrouvent avec des zones inondées, ça va créer certainement beaucoup plus de problèmes que le Covid19.
Il y a une lecture que je te recommande si ce sujet t’intéresse. C’est le Cygne noir de Nassim Nicholas Taleb. Alors j’aime beaucoup cet auteur. Le bouquin est assez dense. Le cygne noir, en anglais c’est The Black Swan et en fait, il parle exactement de ça, du fait qu’on a tendance à se baser sur l’histoire récente au détriment de l’histoire sur le long terme parce que si on se basait sur l’histoire sur le long terme, eh bien, on n’aurait pas été sur l’histoire très longue tu vois depuis des centaines, depuis des millénaires ou depuis des siècles, on ne serait pas surpris de la pandémie. On n’aurait pas été surpris parce qu’on l’aurait préparée. On saurait que ça peut arriver et c’est ce que lui, il appelle un cygne noir. C’est un truc, un événement qu’on pensait improbable ou auquel on n’avait pas pensé, mais qui se produit quand même. Et le mot « cygne noir », ça vient du fait que pendant très longtemps, on pensait qu’il n’existait que des cygnes blancs. Et un jour, on a rencontré, on a trouvé des cygnes noirs. Et donc ça, ça a remis complètement en cause ce qu’on pensait sur ces très beaux oiseaux.
Donc, Le cygne noir de Nassim Nicholas Taleb, voilà, très, très intéressant. Je recommande cette lecture. Il y a notamment un exemple que j’ai beaucoup aimé. Il disait… En fait, on a tendance à être touchés par le syndrome de la dinde avant Thanksgiving aux Etats-Unis, c’est-à-dire que la dinde avant Thanksgiving, on la nourrit beaucoup parce qu’on a envie que ça devienne une belle dinde, qu’on va manger. Donc la dinde, et il trace une courbe du bonheur de la dinde en fonction du temps. Et chaque jour, eh bien le bonheur de la dinde, il augmente. Donc, on voit la courbe qui augmente. Jour 1, le bonheur est à 1 ; jour 2, le bonheur est à 10 ; jour 3, le bonheur est à 100. Donc, tu vois la courbe qui monte très vite puisqu’on n’arrête pas de donner à manger à la dinde pour qu’elle soit bien grasse, bien portante pour la manger. Et quelques jours avant Thanksgiving quand on va tuer la dinde, là le bonheur de la dinde, il passe à 0 brusquement. Donc, tu as une courbe qui monte progressivement et qui descend d’un coup sec. Et c’est ça, ce qu’il appelle le phénomène des cygnes noirs qui sont des événements : « Bah voilà, tout va bien, on pense à notre histoire récente et à notre présent, et on oublie ce qui a pu se produire par le passé. Et on en vient à être très surpris comme la dinde au moment de Thanksgiving. »
Dons voilà, j’espère que cette petite pensée, tu vois, on ne peut même pas dire que ce soit un podcast de développement personnel. C’était littéralement, voilà mes pensées en français pour toi. J’espère que ça t’a plu. Si tu aimes ce genre de discussion, ce genre de contenu, n’oublie pas d’aller voir dans la description du podcast pour t’inscrire à ma lettre d’information gratuite et recevoir 2 contenus exclusifs chaque semaine.
Merci de faire confiance à Français Authentique. A bientôt. Salut !