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Interview de Benjamin Houy de French Together

J’ai pris un grand plaisir à discuter avec Benjamin de French Together au cours d’une interview. A ne pas manquer car Benjamin y distille des conseils qui seront très précieux pour votre apprentissage du français…

Pour suivre de que fait Benjamin visitez : frenchtogether.com et growwithless.com

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Voici la transcription de l’épisode :

Introduction : Salut à tous ! Aujourd’hui, eh bien, j’ai une petite surprise pour vous et j’espère que cette surprise vous plaira parce que c’est une chose que j’ai l’intention de faire un peu plus régulièrement depuis que j’ai arrêté de travailler en plein temps en tant que salarié et que je me focalise à 100% sur Français Authentique. Là, je peux dégager du temps et une chose que j’aimerais faire pour varier un petit peu, c’est interviewer les francophones pour vous donner l’occasion d’entendre d’autres personnes qui parlent Français. Et aujourd’hui, j’ai sollicité Benjamin Houy qui est une personne avec laquelle j’ai un partenariat depuis quelques temps et qui vend des produits de Français Authentique, il a son audience, etc. ; en fait, on s’est rencontré parce qu’on s’est trouvé mutuellement sur Internet et on a vu qu’on avait des points communs, notamment notre vision de l’apprentissage du Français. Et Benjamin, lui, a créé un site qui s’appelle « French Together » et qui est un site qui aide les gens à apprendre le Français et qui est plutôt orienté vers les débutants ou les gens qui ont un niveau intermédiaire. Donc, il traduit beaucoup de choses en Anglais, etc. et c’est un site qui est très très bien fait. Et j’ai invité Benjamin à me rejoindre pour cet épisode ; je lui pose quelques questions sur French Together, je lui demande de nous parler un petit peu de lui, de son expérience et de nous donner quelques petits conseils pour vous pour vous aider à apprendre à parler le Français. Et voilà, j’ai pensé qu’un peu de diversification ne ferait pas de mal – c’est ce que je fais dans mes cours : le pack 1, j’étais seul ; le pack 2, j’ai pris ma femme Céline pour m’aider ; le pack 3, mon frère Jimmy et là, dans le podcast, je vais essayer de mettre un petit peu de diversité et aujourd’hui, je suis très très heureux d’avoir interviewé Benjamin et je vous propose tout de suite de passer à l’interview. Et comme d’habitude, donnez-moi votre avis sur la page Facebook de Français Authentique. C’est parti pour l’interview !

JOHAN : Bonjour Benjamin ; merci de nous rejoindre et d’avoir accepté l’invitation pour cette petite interview.

BENJAMIN: Bonjour Johan, merci à toi.

JOHAN: C’est un grand plaisir ; c’est ce que j’ai expliqué dans l’introduction : ça fait quelques mois qu’on travaille ensemble. Je trouve qu’on a deux audiences qui se complètent bien parce que toi, ton site – tu auras l’occasion d’en parler un petit peu – s’adresse à des gens qui ont un niveau en Français débutant à intermédiaire et moi, de mon côté, c’est pour les gens qui ont un niveau avancé. Donc, je pense que c’est intéressant que nos deux audiences se rejoignent et ce que je voudrais bien faire pour démarrer cette interview, c’est que tu nous parles un petit peu de toi et que tu nous dises ce que tu fais, etc.

BENJAMIN: D’accord ! Je m’appelle Benjamin Houy ; je suis le créateur de frenchtogether.com et j’aide les personnes qui apprennent le Français à apprendre un Français, eh bien, comme toi, justement, authentique, donc, proche de la réalité. Et donc, j’ai créé French Together, il y a à peu près deux ans et le but, c’était vraiment de combler le vide qui existait sur le marché ; c’est-à-dire qu’il y avait beaucoup de cours pour apprendre le Français mais ils enseignaient souvent un Français qui est assez scolaire quelque part et qui était loin de la réalité. Donc, j’habite maintenant à Berlin et… En fait, ça fait cinq ans que j’ai quitté la France – puisque je voulais voyager et découvrir d’autres pays – et donc, j’ai fini par m’installer à Berlin après avoir passé à peu près six mois en Corée du Sud à enseigner le Français justement.

JOHAN: Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c’est que finalement, on a fait un peu le même constat au niveau de la façon d’apprendre le Français et puis, on a finalement – même si on a choisi deux audiences un petit peu différentes en termes de niveau – le constat initial est un peu le même au niveau des méthodes d’apprentissage traditionnelles, etc. Donc, ça, ce n’est pas mal. Au niveau de l’apprentissage des langues, étant donné que tu vis et que tu as vécu à l’étranger, tu as donc dû apprendre des langues étrangères ?

BENJAMIN: J’ai commencé comme pratiquement tout le monde en France avec l’Anglais à l’école. J’ai aussi appris l’Allemand en même temps mais quand j’ai quitté le lycée, je parlais très mal aussi bien l’Allemand que l’Anglais et du coup, j’ai commencé à chercher un peu des solutions pour mieux apprendre les langues et c’est là que j’ai décidé de partir à l’étranger pour, non seulement pratiquer, mais aussi découvrir des cultures et parler avec des locaux. Maintenant, je parle Anglais couramment ; Allemand aussi, même si je ne pratique pas tellement l’Allemand à Berlin – c’est assez paradoxal mais c’est une ville très multiculturelle, donc, beaucoup de personnes parlent Anglais par défaut. Quand tu rencontres des gens d’un groupe, il y a souvent des personnes qui ne parlent pas Allemand, donc, la langue standard, c’est plutôt l’Anglais ici.

JOHAN: D’accord ; surtout que ton cercle d’amis, c’est des gens relativement jeunes et qui ont différents horizons et du coup, vous avez une langue en commun qui est l’Anglais et tu n’as pas énormément l’occasion de pratiquer l’Allemand.

BENJAMIN: Voilà !

JOHAN: Et quand tu es parti à l’étranger (en Corée du Sud), est-ce que tu avais déjà un niveau d’Anglais qui te permettait de te débrouiller ou alors, tu avais un niveau vraiment scolaire et tu as dû tout apprendre sur le tas là-bas ?

BENJAMIN: Je parlais déjà assez bien l’Anglais parce que j’avais trouvé rapidement des correspondants avec qui apprendre l’Anglais mais ça manquait de fluidité en fait. Je pense d’ailleurs que c’est le problème de beaucoup de tes lecteurs de Français Authentique ; c’est-à-dire que je pouvais comprendre l’Anglais, mais il fallait que les personnes parlent doucement, et moi-même, quand je parlais, ce n’était pas fluide du tout.

JOHAN: Oui, je comprends. Peux-tu nous parler – parce que ça, je le découvre en même temps que les autres – de ton expérience en tant qu’enseignant de Français en Corée du Sud, dans un pays étranger ? Est-ce que toi, tu étais dans une école, ou dans quel cadre as-tu fait ça ?

BENJAMIN: En fait, je suis parti dans le cadre du service civique. Pour tes lecteurs, le service civique, c’est un programme du gouvernement français qui permet à des jeunes de 18 à 25 ans de partir faire du volontariat pour des périodes entre deux mois et un an. Donc, moi, j’ai choisi de partir six mois en Corée du Sud et je suis parti avec dix autres volontaires français et notre but était de travailler dans des centres pour enfants défavorisés et les aider à découvrir la culture européenne à travers l’Anglais et le Français. Concrètement, ce que je faisais, c’est que je travaillais avec des profs coréens sur place et j’organisais des cours de français et des cours d’anglais ; c’est vrai qu’à l’époque, je n’avais aucune expérience, donc, j’ai appris énormément sur place, c’était très enrichissant.

JOHAN: Et dans ce cadre-là, tu avais des directives dans ta façon d’enseigner ou tu étais libre et tu as pu justement tester des méthodes d’apprentissage naturelles qui s’éloignent un petit peu de ce qu’on nous apprend à l’école ?

BENJAMIN: En fait, en théorie, j’avais des directives mais le problème, c’est qu’on était deux Français dans une école où personne ne parlait Anglais ou Français ; du coup, on nous a donné les directives en coréen et on ne comprenait rien, donc, on a été plus ou moins libre finalement. Ce que j’ai essayé de faire, c’est de vraiment rendre l’apprentissage amusant ; c’était avec des enfants entre six ans et douze ans en général. Ce que je faisais par exemple, c’est qu’on regardait des extraits de films ensemble et après, je leur demandais de dire ce qu’ils en pensaient et de parler ; on organisait des débats aussi. Le but, c’était vraiment de les forcer à parler parce que je sais que c’est un grand problème en Asie par exemple ; c’est-à-dire que les élèves ont peur du regard des autres, de ce que les autres vont penser, et du coup, on a eu énormément de mal à convaincre les élèves de parler en public, de leur montrer que faire des erreurs, ce n’est pas grave et que c’était même comme ça qu’ils vont apprendre.

JOHAN: C’est super parce que c’est exactement une chose que moi, j’essaye d’enseigner ; j’ai fait un podcast qui s’appelle « n’ayez pas peur de faire des erreurs », donc, en fait, ce que tu dis recoupe exactement avec ce que moi, j’observe et ce que je conseille de faire et c’est exactement aussi ce que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de mes expériences à l’étranger. Donc, tu as observé la même chose… Ils avaient quel âge, les personnes à qui tu enseignais le Français ?

BENJAMIN: En fait, j’enseignais à deux groupes différents : il y avait un groupe où les élèves avaient entre six ans et douze ans et donc, ils venaient dans le centre après l’école. Après, séparément [parce que] ça ne faisait pas partir du programme de service civique mais c’est quelque chose qu’on voulait faire, nous, en tant que volontaires. En fait, on a aussi enseigné des élèves d’université et ça, c’était des cours beaucoup moins formels parce qu’on n’enseignait même pas dans l’école. En général, ce qu’on faisait, c’est qu’on allait dans des bars ou des cafés (donc, des cadres assez détendus) et la seule chose qu’on faisait, c’était parler Anglais ou Français avec eux et vraiment les pousser à se détendre pour qu’ils n’aient pas peur de parler.

JOHAN: Et ça a marché ? Tu as observé des résultats au cours de l’évolution ? Je ne sais pas combien de temps ça a duré ; est-ce que tu as pu voir sur le terrain finalement que les méthodes qu’on préconise marchent ou alors, ce n’était pas assez long ou au niveau des résultats, qu’est-ce ça a donné ?

BENJAMIN: En fait, j’ai changé deux fois de lieu, donc, je suis resté trois mois dans chacun. Je ne sais pas s’ils ont vraiment amélioré leur Français, par contre, ils ont énormément gagné en confiance. C’est-à-dire qu’au début, même dire « bonjour » en Français ou en Anglais, c’est quelque chose qu’ils n’avaient pas envie de faire. Au début, on devait prendre les élèves individuellement pour les convaincre de parler parce qu’ils ne voulaient pas le faire s’il y avait d’autres élèves à côté ; c’est vrai qu’à la fin, on arrivait à faire des conversations de groupe où tout le monde parlait, donc, je pense qu’au moins, d’un point de vue « confiance en soi », ça a beaucoup aidé.

JOHAN: C’est aussi une chose sur laquelle j’insiste : avant d’essayer d’enseigner quoi que ce soit, du vocabulaire ou des choses qui sont liées à la grammaire, etc., j’ai toujours, depuis le début de Français Authentique, fait comme toi et mis l’accent sur la confiance, le fait de ne pas avoir peur de faire des erreurs, sur un petit peu tout ce qui est émotions négatives. J’avais commencé par-là dans mon premier e-book que j’ai fait – un livre digital – dans lequel j’avais insisté là-dessus aussi. Là, en trois mois, toi, c’était une mission relativement courte et ton objectif, c’était déjà de leur donner la confiance parce que, dès qu’ils ont cette confiance, le reste, c’est assez facile.

BENJAMIN: J’ai remarqué sur French Together qu’en général, ceux qui réussissent le mieux, ce n’est pas forcément ceux qui travaillent le plus ou qui passent le plus de temps à étudier la grammaire et tout ça, mais c’est surtout ceux qui n’ont pas peur de se mettre dans des situations réelles ; c’est-à-dire que par exemple, ils vont apprendre un peu de vocabulaire et immédiatement après, ils vont aller trouver quelqu’un avec qui pratiquer.

JOHAN: Ça ne m’étonne pas ; c’est vrai que tu as des gens qui ont plus de facilité que d’autres qui travaillent plus, etc., mais c’est vrai, je suis d’accord que c’est l’objectif n°1, ça devrait être d’enlever justement cette barrière, arrêter d’avoir peur et puis, oser parce qu’au final, il ne peut pas se passer grand-chose quand tu es face à une personne et que tu fais une erreur…voilà, ce n’est pas ta langue maternelle, donc, ce n’est pas grave. J’imagine que toi, en Anglais, tu en fais plein ; moi, en Allemand… – je travaillais en Allemagne – j’en fais plein aussi mais… voilà, tu utilises la langue comme un outil pour faire passer un message. Et après, s’il y a des erreurs, ce n’est pas grave.

BENJAMIN: D’ailleurs, je n’ai jamais trouvé personne qui va se moquer de toi si tu fais des erreurs. En général, les gens sont plutôt contents que tu fasses l’effort de parler leur langue.

JOHAN: C’est vrai et ça, c’est aussi une chose que je dis tout le temps. J’ai eu quelques personnes qui me disaient que si chez [elles], tu arrives dans leur travail, [elles] sont censés parler un Français parfait, et quand [elles] font des erreurs, on a tendance à se moquer d’elles. Mais bon…il s’agit certainement d’une autre culture parce que moi, c’est pareil : que ce soit en France, en Autriche ou en Allemagne, je n’ai jamais vu personne qui se moquait d’un étranger qui faisait l’effort de parler sa langue. Donc, c’est inconnu pour moi également.

BENJAMIN: Après, ça dépend de ce que les gens interprètent comme des moqueries. Ce que je sais, c’est que nous par exemple, quand on entend quelqu’un parler le Français avec un accent anglais ou américain, ça peut être un peu drôle pour nous mais ce n’est pas de la moquerie ; ça peut être par exemple parce qu’on trouve ça mignon ou parce que… ça change en fait mais je ne pense pas que les gens devraient percevoir ça comme de la moquerie.

JOHAN: C’est vrai, tu as raison. Ça m’est arrivé aussi parfois quand je suis arrivé en Autriche où je ne parlais pas bien Allemand mais où justement, j’avais réussi à passer le cap et à me dire : « Bah, ce n’est pas grave, ce n’est pas ma langue maternelle, donc, si je fais des erreurs, ce n’est pas grave. » Je me suis retrouvé dans quelques situations où, comme tu dis, les gens souriaient un petit peu ou tu sentais que ça les « amusait » mais, comme tu viens de le dire, ce n’était pas de la moquerie, c’est juste que pour eux, c’est marrant d’entendre une personne qui parle Allemand avec un accent un peu français ; ils étaient malgré tout, contents du fait que je parle dans leur langue.

BENJAMIN: D’ailleurs, je pense que la meilleure chose que quelqu’un qui a peur de parler le Français puisse faire, c’est, au lieu de parler avec des gens dans la rue, dans les magasins, de trouver quelqu’un qui apprend une autres langue. Par exemple, un Anglais va trouver un Français qui apprend l’Anglais et en fait, le fait que les deux personnes apprennent une langue, et du coup font des erreurs ensemble, ça met vraiment en confiance. Donc, je pense que c’est vraiment important pour quelqu’un qui veut vraiment gagner en confiance de trouver quelqu’un avec qui pratiquer de manière régulière et quelqu’un avec qui il se sent vraiment en confiance.

JOHAN: En fait, tu parles d’une sorte de tandem ; par exemple, un Anglais et un Français qui se mettent ensemble : le Français apprend l’Anglais et l’Anglais apprend le Français ?

BENJAMIN: Oui, voilà. Par exemple, je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui visitent Paris et qui ne savent pas trop comment pratiquer parce que c’est vrai que quand on va dans un magasin, on ne parle pas énormément avec les personnes en général. En fait, sur Paris, il y a une association qui s’appelle Polyglotte Club et ils ont des rendez-vous toutes les semaines dans des cafés où, justement des Français vont pour pratiquer l’Anglais et du coup, les étrangers qui visitent Paris peuvent s’y rendre pour pratiquer le Français. Et c’est vrai que c’est un cadre très sympa qui met vraiment en confiance ; donc, ça c’est quelque chose que je recommanderais beaucoup à toute personne qui veut pratiquer le Français sans stress.

JOHAN: Ce n’est pas mal. Ma femme avait un tandem aussi quand elle était en Autriche parce qu’elle a exactement les problèmes que tu viens de mentionner ; c’est-à-dire que tu as du mal à apprendre la langue dans les magasins ou dans la rue ; il faut vraiment que ce soit une démarche active et elle, elle avait aussi un tandem comme ça, elle était avec une autrichienne qui voulait apprendre le Français et ça l’a beaucoup aidé et à la limite, je dirai que ce n’est même pas obligatoire d’être dans le pays pour faire ça. Il existe des applications – moi, j’ai recommandé à mon audience l’application HelloTalk qui propose exactement ce que tu viens de décrire où les gens peuvent trouver un tandem ; ils peuvent trouver une personne qui veut apprendre leur langue maternelle. Et là, effectivement, comme tu dis, ils se retrouvent dans une situation où il y a deux personnes qui apprennent.

BENJAMIN: Oui, d’ailleurs, c’est parfaitement possible de vivre en France et de ne pas pratiquer le Français. J’entends très souvent des personnes me dire qu’elles ne peuvent pas apprendre le Français parce qu’elles n’habitent en France. Mais c’est vrai que, comme tu l’as dit, avec des applications comme HelloTalk et tout ça, c’est vraiment facile de nos jours de pratiquer le Français n’importe où dans le monde et je pense que c’est vraiment quelque chose que tout le monde devrait faire.

JOHAN: Ce que j’aimerais aussi te demander, où il m’intéresserait vraiment d’avoir ton avis, c’est : « est-ce que tu aurais quelques conseils vraiment très concrets et précis pour des gens qui veulent apprendre le Français et qui ont un niveau débutant à intermédiaire ? Qui ne sont pas encore passé à l’état avancé dans lequel ils arrivent à s’exprimer ? Qu’est-ce que tu leur conseillerais à ces personnes ? »

BENJAMIN: Pour ces personnes, j’aurais deux conseils principaux : le premier, c’est – comme je l’ai dit avant – de vraiment pratiquer régulièrement ; donc, soit de parler à quelqu’un, soit d’écrire. Et le deuxième, c’est de beaucoup lire en Français, de regarder des films et de vraiment faire tout ce qui est possible de faire en Français plutôt que dans la langue que la personne parle.

JOHAN: Je partage complètement ces deux conseils, et le deuxième, c’est même… – je ne sais pas si tu connais les sept règles de Français Authentique – c’est vraiment essayer de s’afficher, d’avoir un maximum d’exposition à la langue, soit par la lecture, soit par le fait d’écouter des choses, et je trouve ça vachement intéressant.

BENJAMIN: En fait, ce que je recommande de faire, c’est de se dire : « Qu’est-ce que je fais dans la journée dans ma langue maternelle ou la langue du pays où je vis et comment est-ce que je peux remplacer ça par quelque chose en Français ? » Donc, par exemple, quelqu’un qui lit le journal en Anglais le matin peut essayer progressivement de lire de plus en plus d’articles en Français plutôt qu’en Anglais. Ou même, par exemple, si quelqu’un écrit un journal pour soi-même, le soir, au lieu de l’écrire en Anglais ou dans une autre langue, vous pouvez simplement l’écrire  en Français et ensuite, vous pouvez par exemple poster sur un site comme LangAid.com ; en fait, c’est un site qui permet de poster quelque chose en Français et d’avoir des corrections de Français qui vont dire : « ça, ça ne va ; ça, il faudrait changer ; ça serait plus naturel d’utiliser cette phrase-là plutôt que celle-là. »

JOHAN: C’est effectivement pas mal parce que tu as aussi un retour sur ce que tu as fait finalement.

BENJAMIN: Et c’est vrai que ça fait moins un peu d’écrire et d’avoir des corrections plutôt que de parler  et d’avoir immédiatement un retour. Donc, ça peut être une bonne transition pour quelqu’un qui a peur.

JOHAN: Moi, ce qui me plaît beaucoup dans ton approche, c’est que tu dis : « regardez ce que vous faites déjà et essayez de transformer ça en une pratique du Français. » Parce que, souvent l’erreur que font aussi les gens, c’est de dire : « Moi, je vais essayer d’écouter ou de lire le plus de Français possible. » et ils se retrouvent à faire des choses finalement qu’ils n’auraient pas faites. Donc, ils lisent des articles en Français qu’ils n’auraient jamais lus dans leur langue maternelle. Et ça, je trouve que quelque part, ce n’est pas très bon de se forcer à lire quelque chose juste parce que c’est en Français et qu’il vaut vraiment mieux regarder ce qu’on fait déjà, comme tu l’as dit, et se poser même la question avant de lire un article en Français : « Est-ce que j’aurais lu cet article dans ma langue maternelle ou est-ce que le lis  juste pour le Français ?» Alors qu’en se forçant, finalement, on lit des choses qui ne sont pas intéressantes ou pas utiles pour nous.

BENJAMIN: Oui, c’est justement l’aspect ludique. C’est vrai que si on commence à lire des articles qui ne nous intéressent pas du tout, on regarde des films qui ne nous intéressent pas, juste parce que tout le monde nous dit que c’est des bons films pour apprendre le Français, on risque d’être vite découragés. Donc, moi, ce que je conseille toujours, c’est de penser à ce qu’on aime faire, nos passions et voir comment on peut les utiliser pour apprendre le Français. Même d’ailleurs, c’est des passions qui  n’ont rien à voir avec la langue française. Par exemple, si quelqu’un adore les films américains, on peut parfaitement regarder les films américains en Français et utiliser ça pour apprendre le Français même si ce ne sont pas des films français. Par exemple, moi, je sais qu’en Allemand, il n’y a pas énormément de films ou de livres allemands qui me plaisent ; du coup, ce que je fais, au lieu de rien lire ou de me forcer à regarder des films allemands que je n’aime pas ou à lire en allemand des livres qui ne me m’intéressent pas, ce que je fais, c’est que je prends des livres français ou anglais que j’aime beaucoup, mais au lieu de les lire en Français ou en Anglais, je lis la traduction allemande.

JOHAN: Oui, toujours garder cet aspect ludique et il faut que ce soit des choses intéressantes. Ça, je partage complètement. Merci pour ces deux conseils.
Au niveau des gens qui ont un niveau de Français qui est plus avancé, est-ce que tu auras aussi des conseils concrets – là, je parle vraiment de personnes qui  nous comprennent à 95%, qui ont déjà commencé à parler  mais qui ne sont pas encore assez sûres d’elles. Comment tu leur recommanderais de pratiquer à ces gens-là ?

BENJAMIN: Déjà, je leur recommanderai de trouver des textes ou des films qui sont un peu au-dessus de leur niveau, c’est-à-dire quelque chose qu’ils vont avoir du mal à comprendre complètement mais qu’ils vont quand même comprendre partiellement. Après, je conseillerai aussi, s’ils peuvent, peut-être de s’inscrire à des cours en ligne en Français et pas des cours en Français mais des cours dans d’autres sujets qui les intéressent. Donc, par exemple, quelqu’un qui adore cuisiner pourrait suivre des cours de cuisine en Français. Et j’ai remarqué que suivre des cours ou apprendre quelque chose à travers le Français, ça permet vraiment de s’habituer à la langue et d’apprendre du vocabulaire qui nous intéresse – ce qui peut toujours servir après dans des discussions ou quand on rencontre des personnes qui ont les mêmes goûts que nous.

JOHAN: Je résume juste ce que j’ai compris parce qu’il y a eu une petite coupure et je ne suis pas sûr d’avoir saisi à 100% : ce que tu conseilles, c’est d’utiliser le Français mais pas de pratiquer consciemment le Français, mais d’apprendre une chose qui nous intéresse en utilisant le Français de façon un peu inconsciente. En fait, le Français, tu l’utilises parce que tu apprends cette chose mais toi, ton objectif initial, c’est d’apprendre autre chose, par exemple la cuisine ou un autre sujet, c’est ça que tu nous expliquais ?

BENJAMIN: Oui, [tout à fait]!

JOHAN: Ça, je trouve ça bien aussi. C’est un petit peu ce que j’ai fait indirectement avec l’Allemand puisque, comme je travaillais en Allemagne, mon objectif premier, c’était, quand je discutais avec les gens, de parler de mon travail ; ce n’était pas d’apprendre l’Allemand ; mon chef n’avait pas le temps à perdre à m’enseigner l’Allemand, donc, lui, ce qu’il voulait, c’est qu’on parle du travail, donc, c’était mon objectif premier mais indirectement, ça m’a permis de progresser – puisque j’avais déjà un niveau avancé – et de parler Allemand de mieux en mieux. Donc, je pense que ce conseil est très pertinent.

BENJAMIN: D’ailleurs, c’est ce qui rend les séjours d’immersion aussi efficaces ; c’est-à-dire que par exemple, quelqu’un qui va aller étudier en France dans une université, il n’aura pas le temps de se demander comment parler Français ; dans tous les cas, il faudra qu’il parle Français, il faudra qu’il comprenne le prof. Donc, le fait d’être plus ou moins forcé de parler la langue, ça permet vraiment de beaucoup s’améliorer.

JOHAN: Oui, tout à fait. Et ça, on peut le faire, comme tu nous l’expliquais tout à l’heure ; on peut très bien le faire de son pays, on n’est pas obligé de vivre en France pour faire des choses comme ça.

BENJAMIN: J’ai un autre conseil pour les personnes avec un niveau avancé en Français : en général, quand on est à un niveau avancé dans une langue, le problème qui reste le plus souvent, c’est quand même de comprendre le Français parlé ou de comprendre les personnes qui parlent vite. Et donc, ce que je conseille de faire dans ces cas-là, c’est un peu ce que tu fais dans tes cours Français Authentique : c’est d’écouter et de lire en même temps. C’est vrai qu’il y a pas mal de sites qui permettent de lire un article et d’entendre l’audio en même temps – et ça, c’est un excellent moyen de mieux comprendre la prononciation, d’associer le son avec le mot et vraiment de s’habituer à la langue de manière plus approfondie.

JOHAN: Là, je pense que les membres qui t’écoutent vont te rejoindre à 100% parce que ça, c’est une demande que j’ai depuis très longtemps. Au départ, je faisais mes podcasts, je les enregistrais spontanément et je ne mettais pas à disposition la transcription pendant deux-trois ans mais on me demandait toujours : « Johan, envoie-nous la transcription avec » parce que, comme tu dis, les gens aiment bien lire et écouter en même temps, surtout quand il s’agit des discussions spontanées. Quand il s’agit de discussions spontanées, les gens, ils ont besoin parfois, [quand] ils n’ont pas saisi un mot, d’avoir la transcription et même s’ils ne lisent pas toute la transcription, eh bien, ils s’en servent pour mieux comprendre. D’ailleurs, cette interview, je la ferai transcrire derrière, pour que les gens qui n’ont pas saisi un ou deux mots, puissent comprendre à 100%. Donc, ça, c’est un conseil, à mon avis, qui résonnera au niveau des membres de Français Authentique parce qu’on me le demande souvent.

BENJAMIN: C’est vrai que les membres de Français Authentique appliquent déjà la plupart des conseils que je recommande – puisqu’on se rejoint pas mal sur le sujet.

JOHAN: Mais je trouve bien de l’avoir de ta perspective aussi parce que parfois, même si on dit des choses proches, avoir toi, ton expérience, je trouve ça intéressant ; et puis, ta façon aussi de le présenter, ça aidera les membres. Est-ce que tu aurais, toi, quelque chose à ajouter ? Un conseil que tu voudrais absolument donner ou alors des mots d’encouragements ou de motivation ? Là, si tu devais, en trente secondes donner quelques conseils, tu aurais quelque chose ?

BENJAMIN: En fait, j’ai un conseil qui est un peu paradoxal qui serait de pas forcément appliquer les conseils ; c’est-à-dire qu’au lieu de faire ce que d’autres personnes disent qu’il faut faire, je pense que c’est vraiment important pour chacun de voir ce qui marche le mieux pour soi-même. Je sais que par exemple, moi, j’aime beaucoup lire dans les langues que j’apprends mais il y a des personnes qui n’aiment pas du tout lire, et dans ce cas-là, appliquer notre conseil qui est de beaucoup lire ne sera pas forcément efficace. Je pense que c’est vraiment important pour chacun de trouver ce qui marche le mieux et de faire ce qu’on aime faire avant tout et pas forcément ce que les autres personnes disent qu’il faut faire.

JOHAN: C’est vrai qu’on est tous différent et tu as raison. Moi, par exemple, je préfère écouter ; pour moi personnellement, quand j’apprends une langue, c’est plus simple ou plus efficace pour moi d’écouter ; toi, a priori, c’est lire. Effectivement, c’est vrai que selon les personnes, on a tous nos points forts, nos points faibles et même si tu as délivré beaucoup de conseils précieux au cours de ce podcast, c’est vrai que les gens doivent faire le tri et peut-être n’en retenir ou n’en choisir qu’un ou deux qui sont pour eux les plus adaptés.

BENJAMIN: D’ailleurs, ma copine apprend le Français et paradoxalement, elle ne suit pas du tout ma méthode ; c’est-à-dire qu’elle pratique beaucoup le Français – de ce côté-là, elle suit ma méthode – mais par exemple, elle adore passer des heures à lire des livres de grammaire, à vraiment comprendre comment tout fonctionne. C’est vrai que pour moi, c’est assez dur à accepter mais le résultat est là. Donc, c’est vrai que c’est important pour chacun de vraiment faire ce qui marche le mieux.

JOHAN: Oui, et comme tu dis, ce qui est important, c’est les résultats et c’est la question que j’allais te poser : « Est-ce que ça marche ? » parce qu’au final, c’est ce qu’il faut ; c’est faire des choses ; si elle investit beaucoup de temps dedans, il faut que ça fonctionne, il faut que ça lui apporte quelque chose et on ne peut pas lui reprocher d’apprendre de la grammaire même si ça va un peu contre notre conviction, si ça fonctionne pour elle.

BENJAMIN: Oui, ça fonctionne. D’ailleurs, s’il y a des lecteurs Français Authentique qui trouvent que passer beaucoup de temps à apprendre la grammaire marche pour eux, dans ce cas-là, je les encourage à continuer. Ce qui est le plus important, c’est de faire ce qui marche. Notre approche qui est de beaucoup parler est assez nouvelle et c’est vrai qu’il y a des gens pour lesquels l’approche plus traditionnelle marchera mieux ; ça dépendra de la mentalité, ça dépend de plein de choses. Donc, c’est important de vraiment faire ce qui marche.

JOHAN: Très bien, écoute, c’est top. Ce dernier conseil me pousse aussi à réfléchir parce que de mon côté, j’ai des convictions très fortes et j’ai parfois du mal à m’ouvrir justement à ce que tu viens de dire au niveau de la grammaire, donc, c’est un conseil qui fait réfléchir ; finalement, je suis convaincu parce que tu as complètement raison à partir du moment où il y a les résultats : les gens peuvent utiliser « leurs méthodes » qu’ils veulent.

Je voudrais bien qu’on clôture là-dessus. Benjamin, je te remercie beaucoup d’avoir pris du temps pour nous disséquer un petit peu tous ces conseils précieux. Où est-ce que les gens peuvent te trouver s’ils veulent en savoir plus sur French Together, s’ils veulent t’envoyer un e-mail ou se procurer – je crois que tu as un livre digital ? Où est-ce que les gens peuvent te trouver pour en savoir plus sur ce que tu fais ?

BENJAMIN: Vous pouvez aller sur frenchtogether.com ; à partir de là, vous aurez accès à tous mes profils sur les réseaux sociaux. Vous pouvez vous abonner à la newsletter et vous recevrez d’ailleurs un livre avec les 13 erreurs les plus connues chez les apprenants du Français. Et vous pourrez aussi bien sûr me contacter si vous avez des questions.

JOHAN: Très bien ! Moi, ce que je ferai, je mettrai un lien vers ton site au niveau du podcast sur la page de Français Authentique et j’encourage vraiment les gens à visiter ton site ; moi, j’aime bien puisque je trouve qu’il est bien fait au niveau design, etc. et donc j’encourage les gens à te rendre visite sur ton site, à s’abonner à ta newsletter. Les deux approches sont complémentaires, il n’y a pas « d’infidélité » à Français Authentique d’aller visiter le site de Benjamin et de s’abonner à la newsletter parce que je pense qu’au cours de ce podcast, ils ont peut-être également remarqué que même si on a une approche qui est identique, ou même si on partage un certain nombre d’idées, toi, tu mettras peut-être plus d’accent sur certaines choses que moi ; donc, je pense que suivre les deux, c’est assez complémentaire et intéressant. Voilà, Benjamin, je te remercie beaucoup et tu auras l’occasion peut-être de discuter avec des membres de Français Authentique.

BENJAMIN: J’espère.

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