26 Oct 11 anecdotes surprenantes sur la langue française
Si tu lis ces lignes, tu comprends probablement le français. Mais connais-tu tous les faits insolites sur cette langue ? Sais-tu que le français fut pendant plusieurs siècles la langue de la cour d’Angleterre ? Ou qu’il existe un livre où la lettre « e » n’apparaît pas ?
La langue de Molière est d’ailleurs pleine de singularités : des mots qui changent de genre, des termes qui ont des sens contradictoires, des « h » aspirés, d’autres pas. De quoi perdre la tête…
Si tu veux en savoir plus sur la France et le français, poursuis ta lecture et découvre dans cet article 11 anecdotes surprenantes sur la langue française. !
1. Il existe un livre français sans la lettre « e »
As-tu déjà essayé d’écrire un texte en français sans la voyelle « a » ou « i » ? Difficile, pas vrai ? Eh bien, l’écrivain George Perec a relevé le défi en 1969 avec son livre La Disparition. Son roman de 300 pages ne contient pas de lettre « e » !
On appelle ça un lipogramme, à savoir un texte dans lequel une lettre est interdite. Je t’invite à faire ce genre d’exercice ludique en français. Ça fait travailler ton vocabulaire et c’est très amusant.
2. L’origine du mot français « copain »
Savais-tu que « copain » et « compagnon » avaient la même origine latine ? Ils sont composés du préfixe « cum » qui signifie « avec » et du mot latin « panis », qui veut dire « pain ». Autrement dit, le copain, c’est celui avec qui on partage le pain.
« Copain » s’écrivait avant compain ou compaing. Il se distingue de l’ami, qui vient du latin « amare » qui signifie « aimer ». Aujourd’hui, le copain ou la copine, c’est la personne avec qui on joue et partage des intérêts communs, une complicité ou des expériences communes.
3. 14 février 842 : date de l’acte de naissance du français
Le plus ancien document français officiel date du 14 février 842. Il s’agit des Serments de Strasbourg. Ce texte marque l’alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre Lothaire Ier.
Ces serments ont été rédigés en deux langues : le roman et le tudesque. Retranscrits par le chroniqueur Nithard, ils constituent ainsi les plus anciens monuments des langues française et allemande.
Dans l’histoire de la France, c’est une date importante, car c’est le premier texte officiel qui n’a pas été écrit en latin, mais en roman. Il constitue l’acte de naissance du français.
👉 Tu peux aller jeter un coup d’œil au manuscrit à la Bibliothèque nationale de France.
4. La langue française est la plus germanique des langues romanes
Tout comme l’italien, l’espagnol ou le portugais, le français fait partie des langues romanes, un groupe linguistique issu du latin. Toutefois, il se distingue de ces idiomes par l’influence qu’ont eu sur lui les langues germaniques au cours de l’histoire.
Dès le IIIe siècle, des peuples de langue germanique ont envahi la Gaule. Lorsque les Francs mérovingiens et leur roi Clovis se sont installés au pouvoir, ils ont préféré abandonner leur langue. Pourquoi ? Car il était plus facile de gouverner le pays en adoptant la langue locale. Très vite, tout le monde parlait le latin vulgaire comme langue maternelle.
Le vocabulaire
Aujourd’hui, il reste des traces de ces influences germaniques dans la langue française. Elles se retrouvent notamment dans le vocabulaire de :
- la cuisine : escalope, gaufre, soupe
- la guerre et la construction : bourg, espion, flèche, guerre, hangar
- la mer : grappin, houle, hareng
L’ordre des mots
L’influence se voit tant au niveau lexical que grammatical. En français, l’adjectif épithète se place en général après le nom. Dans les langues germaniques, c’est le contraire. On trouve cette empreinte dans les noms de lieux où l’adjectif est placé devant : Neufchâteau, Rougemont, Francheville…
Le h aspiré
Enfin, si aujourd’hui, il existe des « h » aspirés et des « h » muets en français, c’est à cause des peuples germaniques ! À l’époque de Cicéron, le « h » ne se prononçait déjà plus en latin. C’est pourquoi on doit faire la liaison pour le mot « homme », issu du latin homo.
En revanche, pour le « hameau », d’origine germanique, la consonne « h » se faisait entendre en français. Même chose pour « hutte », « haie », ou « halle ». Ceci explique pourquoi on ne peut pas faire la liaison ou l’élision avec ces mots.
5. Un tiers du vocabulaire anglais est d’origine française
Selon les linguistes, au moins un tiers du vocabulaire anglais est d’origine française. Cet apport, on le doit à Guillaume le Conquérant. En 1066, le duc de Normandie écrase le roi anglo-saxon Harold, lors de la bataille d’Hastings. À la cour d’Angleterre, il impose ses ministres, ses coutumes, et surtout sa langue.
Le français devient alors la langue du pouvoir et des nobles. C’est pourquoi les Anglais de classes aisées dégustaient de la viande de pork (porc), de beef (bœuf) ou de mutton (mouton), tandis qu’à la ferme, les animaux se nommaient pig, ox et sheep.
Ainsi, de nombreux mots français empruntés récemment à l’anglais proviennent en réalité… de l’ancien français ! Par exemple, le verbe « flirter » (de l’anglais « to flirt ») vient en fait de l’ancien français « fleureter ». Ce mot signifiait « conter fleurette », une expression pour désigner des propos aimables et galants ou le discours léger et séducteur d’une personne.
6. La langue de la diplomatie aux XVIIIe et XIXe siècles
À partir du XVIIIe siècle, le français commença à remplacer le latin dans les traités internationaux. Le premier traité international écrit uniquement en français fut le traité de Rastatt en 1714. Ce document marque la fin de la guerre de Succession d’Espagne et témoigne du rayonnement culturel de la langue française à cette époque.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, on parle français dans presque toutes les cours d’Europe. Catherine II de Russie l’impose dans son Académie, tandis que Frédéric II de Prusse l’estime supérieur à l’allemand. Son influence est telle qu’elle devient la langue de travail des diplomates européens et… ottomans !
7. Les bizarreries de la langue française
Le français est une langue surprenante et contient parfois des règles absurdes incompréhensibles. C’est le cas des règles sur le genre des mots. Par exemple, les mots « amour », « délice » et « orgue » sont masculin au singulier, mais féminin au pluriel.
Tu veux un autre casse-tête ? Alors, observe le genre du mot « gens ». Suivi d’un adjectif, il est masculin, mais précédé d’un adjectif, il est féminin, sauf si cet adjectif est suivi d’une virgule. De quoi donner le tournis !
Autres faits surprenants sur la langue française : elle contient des mots qui ont des sens contradictoires. Prenons le terme « hôte ». Il désigne à la fois « celui qui invite » et « celui qui est invité ». Pareil pour « apprendre », qui signifie en même temps « enseigner » et « assimiler ». Fascinant, pas vrai ?
8. Le français est parlé sur tous les continents
Pourquoi apprendre le français ? Parce que c’est une langue parlée dans le monde entier. Avec l’anglais, c’est la seule langue à être présente sur tous les continents. C’est aussi la 5e langue mondiale après l’anglais, le chinois, l’hindi et l’espagnol.
Selon l’Organisation internationale de la Francophonie, elle pourrait devenir la langue la plus parlée au monde d’ici à 2050 en raison de la croissance démographique en Afrique. D’ailleurs, l’Afrique est le continent avec le plus de francophones.
En parlant d’apprendre le français, découvre l’académie Français Authentique. C’est une plateforme dédiée à tous ceux qui comprennent le français, mais n’arrivent pas à le parler. Le programme inclut des vidéos, des modules de cours et des discussions en ligne animées par des tuteurs francophones. L’objectif ? T’aider à prendre confiance et à oser parler le français !
9. La guerre des nombres : 70, 80, 90
Pourquoi 70 se dit « soixante-dix » et non « septante » en France ? Parce que les Français aiment se compliquer la vie ? En réalité, il y a une explication à cet usage. Pour le comprendre, il faut faire un retour en arrière dans l’histoire.
Au Moyen-Âge, on se basait sur un système de comptage vicésimal, c’est-à-dire par vingt. Ainsi, les gens à l’époque comptaient de cette façon : vingt-dix (30), deux vingt (40), deux vingt-dix (50), trois vingt (60), trois vingt-dix (70), quatre vingt (80), quatre vingt-dix (90).
À la fin du Moyen-Âge, de nouveaux mots basés sur un comptage décimal vont apparaître dans la langue française : trente, quarante, cinquante, soixante, septante, octante, nonante.
Avec l’arrivée des premiers dictionnaires au XVIIe siècle, les institutions se mettent d’accord sur l’usage des nombres. On gardera quatre-vingts et quatre-vingt-dix de l’ancien système, mais on emploiera le comptage décimal pour le reste. C’est aussi à ce moment-là que le mot soixante-dix apparaît.
Le problème ? C’est que les autres pays francophones ont fait leur propre combinaison de comptage. Ainsi, en Belgique et en Suisse, 70 se dit septante et 90, se prononce nonante. Des formes que l’on retrouve dans certains pays d’Afrique francophone également.
Lire aussi : Comment compter en français ?
10. Le français comme langue du ballet : une anecdote surprenante
Le ballet classique apparaît durant la Renaissance italienne, mais ce n’est qu’en France, sous le règne de Louis XIV, qu’il connaît son apogée. Depuis, le français est resté la langue d’enseignement des pas et des positions au ballet. Plié, grand jeté, entrechat, glissade, arabesque… Peu importe où tu te trouves, le langage de la danse classique est universel et français !
11. Le français est une mosaïque de mots d’origine différente
Le lexique français est composé aux trois quarts de mots d’origine gréco-latine. Le quart restant ? C’est une mosaïque de termes issus des langues du monde entier. Si aujourd’hui notre langue subit « l’invasion » de l’anglais, il faut rappeler que l’emprunt n’est pas un phénomène nouveau. Loin de là !
Par exemple, le français a énormément puisé dans la langue italienne depuis la Renaissance jusqu’aux années 1950. Pizza, paparazzi, graffiti, tombola, mais aussi le sucre, de l’italien zucchero, lui-même emprunté à l’arabe sukkar.
Il y a d’ailleurs une quantité énorme de mots d’origine arabe. On en dénombre environ 400. Par exemple, jupe et gilet sont des mots arabes, de même que l’alcool, le coton ou le matelas. Le hasard, quant à lui, en arabe az-zahr, désigne un ancien jeu de dés.
Voici d’autres exemples d’emprunts aux langues étrangères :
- allemand : kitsch, diktat, ozone, plexiglas
- anglais : barbecue, chewing-gum, chips, jackpot, job
- chinois : ginseng, kung fu, litchi, mah-jong
- espagnol : flamenco, matador, mirador, patio, poncho
- japonais : bonsaï, haïku, kamikaze, mikado
- sanskrit : karma, nirvana
- tibétain : lama
- turc : kébab, moussaka
Parmi ces 11 anecdotes surprenantes sur la langue française, combien en connaissais-tu déjà ? Quel fait insolite t’a le plus surpris ? N’hésite pas à passer notre mini-quiz pour vérifier ta compréhension à la lecture !